RMA
Travail forcé et précarité
Depuis le 1er
janvier 2004, un revenu minimum d'activité, RMA, vient compléter le dispositif
du RMI, revenu minimum d'insertion. Qu'est-ce que le RMA ? A qui s'adresse t-il
? Quels débats relance-t-il ? Qu'est-ce que le RMA ? Action d'insertion nouvellement
proposée aux allocataires du RMI (dans certaines conditions bientôt précisées
par décret), le RMA vise à " rendre incitatifs les revenus du travail ", explique
François Fillon, ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité.
Le RMA est proposé au même titre que des actions d'insertion, telles que : assistance
à la création d'entreprise, stages, accompagnement social, aide dans sa recherche
de logement ou dans l'accès à des soins… Précisément, le RMA est un contrat
de travail à temps partiel, 20 heures minimum par semaine, d'une durée de 6 mois.
Il est renouvelable 2 fois dans une limite de 18 mois. Le montant du RMA se calcule
au minimum sur la base du SMIC, proportionnellement au nombre d'heures effectuées.
Dans le cas d'un foyer, chaque membre de la famille, y compris l'allocataire,
garde le bénéfice de ses droits au RMI tels que la couverture maladie universelle
de base et complémentaire (CMU), l'exonération de la taxe d'habitation… Quels
employeurs peuvent utiliser le RMA ? Les employeurs du secteur marchand (à l'exception
des particuliers employeurs) et ceux du secteur non marchand (sauf l'Etat et le
département). L'employeur reçoit du Conseil général une aide s'élevant au montant
du RMI soit actuellement 362,30 euros par personne. Reste à sa charge la différence
entre le salaire versé et le RMI. RMA, les termes du débat La création du RMA,
adossé au RMI, minima social, remet à l'ordre du jour la question des risques
de dérégulation du marché du travail et celle de la cohérence au sein du système
de protection sociale. Cette dernière question se retrouve dans plusieurs rapports
publics traitant des minima sociaux. Le Commissariat général du plan dans un rapport
intitulé " Minima sociaux, revenus d'activité, précarité " (2000) ou le Conseil
supérieur de l'emploi, des revenus et des coûts dans le rapport " Minima sociaux
: entre protection et insertion " (1997) constatent ainsi des incohérences entre
minima sociaux (dispositifs garantissant un montant minimum de revenu, au travers
d'allocations telles que : revenu minimum d'insertion, minimum vieillesse, minimum
invalidité, allocation adulte handicapé, allocation de parent isolé et assurance
veuvage…). Créés au coup par coup, les minima sociaux sont régis par des règles
très différentes : tel minima prendra en compte les ressources individuelles,
tel autre minima, celles de la famille. La majoration par enfant peut être différente
selon le minima, les allocations logement prises en considération ou non…Il en
résulte des revenus disponibles variables entre bénéficiaires de minima sociaux.
Toujours selon le rapport précédemment cité du Conseil supérieur de l'emploi,
le manque de cohérence des règles régissant les aides sociales (politique de la
famille, politique du logement…) conduit également, à ce qu'une personne quittant
un minima social voit ses ressources diminuer lorsqu'elle reprend un emploi à
bas salaire. C'est pourquoi des formes d'intéressement à la reprise de l'emploi
sont apparues progressivement. L'UNEDIC a ainsi instauré des règles de cumul entre
indemnisation du chômage et reprise d'activité. Le cumul d'une activité est également
possible avec le RMI dans certaines conditions. Le RMA offre désormais une nouvelle
possibilité de reprendre un emploi pour l'allocataire du RMI, tout en conservant
ses droits connexes (CMU…). RMA et marché du travail à bas salaires La création
du RMA fait également resurgir la question des risques de dérégulation du marché
du travail. Dans un communiqué en date de novembre 2003, Marisol Touraine, secrétaire
nationale à la solidarité et à la protection sociale au parti socialiste, critique
le RMA en raison notamment de la remise en cause du SMIC qu'il induit selon elle.
" Le RMA, applicable au domaine marchand, introduit une pression salariale à la
baisse. Concrètement, l'Etat paiera pour que les entreprises disposent de main
d'œuvre à bon marché…Le RMA va multiplier les effets d'aubaine, sans aucun effet
sur l'emploi, mais, en période de chômage, avec d'énormes risques d'éviction.
" Quant à Marie Georges Buffet, secrétaire nationale du parti communiste, la
transformation du RMI en RMA " pousse à de nouvelles poches de pauvreté ".
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