L'
Intérim à vie non Merci ! Témoignage: | | CHOMAGE,
PRÉCARITÉ... INTÉRIM ! Le marché de l'emploi dépérit sous l'effet de
la professionnalisation de la précarité au bénéfice des sociétés d'intérim
- qui jouissent d'un marché dont 80% des postes à pourvoir ont un statut précaire,
avec pour but de faire du chiffre d'affaire, et d'arranger les entreprises utilisatrices
qui utilisent temporairement des spécialistes pour les "rendre au marché" quand
ils n'en veulent plus. Les cumuls de postes en intérim entraînent une
précarisation des CV et des parcours professionnels. On atteint des summums quand
certaines sociétés d'intérim comme ADECCO - l'une des championnes de la précarité
- s'étonnent que "certains candidats n'ont fait que de l'intérim"... "Vous n'avez
jamais eu de CDI ?" s'entendent dire certains candidats : très amusant, alors
qu'en réalité les sociétés de travail temporaire favorisent elles-mêmes la professionnalisation
de l'emploi intérimaire. En cela, le système vise toujours à rendre le
salarié corvéable à merci, dans un jeu complice Société d'Intérim/Patronat qui
se tient dans un schéma où ils se posent et s'entendent ensemble en juge et partie.
L'intérim au pays de l'emploi précaire devient autant de périodes
d'essai, qui se présentent comme le parfait outil pour juger à bien ou à tort
des candidats, quand on sait qu'effectivement les intérimaires sont souvent envoyés
dans des entreprises en difficulté où les conflits peuvent être nombreux en rapport
à la situation sociale de l'entreprise. Ainsi, à l'issue de leurs missions,
les candidats n'ayant toujours pas trouvé chaussure à leur pied au bout de 6 ou
12 mois du fait des aléas du marché, seront tenus de produire des références alors
que la société d'intérim, elle, n'hésitera pas à contacter d'anciens employeurs
en vue de références toutes aléatoires, quand on sait qu'elle vient à juger un
candidat sur un fondement relatif, au fait que le jugement ne peut être que partial
et non impartial, quand il est forcément fondé sur une entente de nature relationnelle,
donc sur un jugement a posteriori et de type discriminatoire. Au final, le
contrôle de référence qui nie l'individu lui-même au profit du salarié-objet,
se présente comme le couperet du principe du copinage quand la référence revient
à vérifier si le candidat a été effectivement corvéable à merci, ou en tous les
cas si son employeur entend donner une bonne note à son ancien salarié sur un
fondement patronal, donc relatif en tous points. L'intérim (ou emploi
précaire professionnalisé) devient ainsi un parfait boomerang au seul profit des
sociétés d'intérim, qui précarisent l'emploi et mettent le salarié dans un statut
de chantage à l'emploi. Les sociétés d'intérim sont des systèmes
d'asservissement humain qui servent de purs intérêts économiques, n'aident pas
l'emploi, et mettent en état de dépendance l'emploi salarié et les salariés eux-mêmes,
à leur détriment. Les sociétés d'intérim avaient leur raison d'être il
y a 30 ans en situation de plein emploi, quand le facteur "pion de remplacement"
avait vocation à compléter l'emploi et non à le remplacer. Elles
doivent aujourd'hui être nationalisées afin d'être contrôlées. Car c'est de "l'emploi
d'intérim à durée indéterminée" dont il s'agit, phénomène boomerang qui va à l'encontre
des salariés dans un principe appliqué d'auto-élimination. En l'espèce,
l’abus d’intérim a été condamné à l'encontre d'employeurs indélicats.
La Cour de Cassation a déjà obligé un constructeur automobile à embaucher
dans un contrat de travail des intérimaires. Un (tout) petit pas en direction
des précaires qui n’effraie pas vraiment les entreprises : sont légion celles
qui font travailler les mêmes intérimaires depuis un an ou deux, interrompant
les missions par quelques jours de congés pour mieux les renouveler, tant et si
bien qu'on croit ces nouvelles recrues embauchées alors qu'ils ne le seront jamais,
et que la mission à rallonges prendra fin brutalement quand l'employeur décidera
qu'il risque une sanction et se débarrassera d'un bon élément pour le remplacer
par un autre... Les attaques contre le Code du travail et contre les
droits des salariés sont inacceptables. L’objectif du gouvernement peut
être résumé simplement : il s’agit de faire des travailleurs des machines
utilisables et corvéables à merci. En même temps, le patronat impose un allongement
du temps de travail : après la contre-réforme des retraites, qui a allongé la
durée de cotisation, nous faisons face à une offensive brutale contre les 35 heures.
Si 80% des salariés sont encore en CDI, la vaste majorité des embauches concerne
des emplois précaires. L’augmentation du chômage et la dégradation de son
indemnisation se répercutent sur l’ensemble des salariés qui, par crainte
du licenciement, révisent à la baisse leurs exigences en matière de revenus, de
charge de travail et de stabilité. Le recours à la précarité est une politique
délibérée qui vise en tout premier lieu le Code du Travail et le statut général
des fonctionnaires, et à travers eux le droit au travail et les différentes protections
qui y sont attachées. Du point de vue du MEDEF, le code du travail et le statut
des fonctionnaires donnent trop d’avantages aux salariés. Aussi veut-il
les détruire. La précarité a connu un développement tel qu’il a
contribué à la formation d’une classe ouvrière périphérique, surexploitée,
divisée et totalement désorganisée. Que ce soit dans le privé ou dans le public,
on assiste à la multiplication des contrats précaires. Dans le privé, l’intérim,
la sous-traitance, les contrats à durée déterminée, les emplois à temps partiel,
les emplois aidés, etc… constituent 80% des embauches. Dans le public, les
salariés précaires ont pour nom auxiliaires, vacataires, temporaires, contractuels,
etc. — et représentent un tiers du personnel. Cette frange du salariat
doit accepter des emplois aux normes détériorées en termes de salaire, de statut,
de conditions de travail, de qualifications et de droits. Cette situation n’est
pas sans effet sur l’ensemble des salariés : les précaires sont utilisés
comme moyens de pression et permettent l’introduction de nouvelles conditions
de travail (flexibilité, polyvalence, mobilité, déqualification...). Aucun
secteur n’est épargné, y compris la recherche. La précarité de
l’emploi, l’absence de garanties sociales et des conditions de travail
généralement pénibles rendent difficiles l’organisation des précaires et,
par conséquent, freinent leur capacité à lutter. Les précaires ne voient l’aboutissement
de leurs revendications que lorsque celles-ci sont prises en charge par les sections
syndicales d’entreprises, comme chez Peugeot-Citroën (Seine-Saint-Denis),
Renault (Yvelines) et Toyota (Nord). Pour une contre-offensive syndicale
Ainsi s’exprime le MEDEF : «Il apparaît préférable d’occuper
un emploi, fut-ce sous forme de contrat court, plutôt que d’être au chômage.
Les effets positifs des contrats courts sur l’insertion professionnelle
des jeunes viennent à l’appui de cette thèse. Les contrats courts préfigurent,
de ce point de vue, la société de demain fondée sur le dynamisme et la mobilité.»
Et en effet, plus de 60% des salariés en CDD ont moins de 30 ans, et 35% des intérimaires
ont moins de 25 ans. Et dans 20% des cas seulement, les CDD ou l’intérim
débouchent sur un CDI. Le problème des travailleurs précaires se pose
à l’ensemble des salariés. Pour les jeunes comme pour l’ensemble
des chômeurs, l'emploi précaire est quasiment devenu le seul moyen d’entrer
ou de retourner dans le monde du travail, qui s’est transformé en une course
infernale aux petits contrats et autres «missions». Conséquence de la pression
exercée sur ces salariés pour qu’ils soient toujours plus rentables : les
accidents du travail déclarés sont repartis à la hausse et les maladies professionnelles
ont explosé. Enfin, cette situation se lit également dans un chiffre aussi
scandaleux que dramatique : 29% des SDF travaillent sous contrat précaire. C’est
là l’une des facettes de la « société de demain fondée sur le dynamisme
et la mobilité » que le MEDEF appelle de ses vœux ! La situation
des travailleurs précaires est un obstacle à la lutte collective, ce qui complique
la tâche des organisations syndicales. La défense des travailleurs précaires ne
peut être portée par les seuls précaires, de même que les chômeurs ne peuvent
lutter seuls contre le chômage. Dans les deux cas, les salariés en CDI et les
organisations syndicales doivent constituer la colonne vertébrale d’un mouvement
pour la défense des travailleurs précaires. Il est clair, par ailleurs, que les
luttes locales, à l’échelle d’une entreprise, ne peuvent inverser
la tendance à l’échelle nationale dans le domaine du travail précaire. Dans
le contexte actuel, seule une lutte d’envergure nationale impliquant massivement
les salariés du public et du privé a une chance de faire reculer le MEDEF et le
gouvernement. Une grève générale de 24 heures serait une étape cruciale dans la
contre-offensive qui s’impose. Il n’y a d’autre voie que
la mobilisation de tout le salariat — précaire ou non — autour d’une
plate-forme syndicale offensive. Pour sa part, La Riposte a publié et diffusé
dans le mouvement syndical une proposition de plate-forme syndicale dont voici
un passage concernant la précarité: «La précarité est une forme de chômage
larvé. […] Soumis à la pression des agences d’intérim, des contrats
à temps partiel ou à durée déterminée, des centaines de milliers de salariés vivent
dans l’angoisse permanente du lendemain. Les CDD ne doivent être proposés
que pour remplacer des salariés temporairement absents (maternité, maladie, etc.)
ou pour des travaux proprement saisonniers. Tout recours à un CDD en dehors de
ces cas précis doit être validé par les instances syndicales ou, à défaut, par
le délégué du personnel. La généralisation de la précarité est devenue
une énorme source de profits pour les agences d’intérim. Il faut revendiquer
la nationalisation des plus importantes d’entre elles, sans indemnisation,
sauf pour les actionnaires les plus modestes. Les ressources matérielles et humaines
de ces agences d’intérim doivent alors être intégrées dans les structures
de l’ANPE, afin de renforcer le dispositif public d’aide et d’accompagnement
des chômeurs. » RICHARD, rédacteur Juridique de Droit commun,
au chômage et ex. intérimaire : "ADECCO comme l'intérim, plus jamais !" (source
Actu C)
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